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Opinion: François Legault, le chef le plus influent des élections… fédérales?

Opinion: François Legault, le chef le plus influent des élections… fédérales?

Crédit : Jacques Boissinot / La Presse canadienne

Écrit par Jonathan Trudeau, Noovo Info

À quelques jours de la fin de la campagne électorale, nous pouvons amorcer l’analyse de la performance des différents chefs de parti.

Selon vous, qui a le plus brillé? Justin Trudeau, Erin O’Toole, Yves-François Blanchet, Jagmeet Singh, Annamie Paul… ou François Legault?

À ne pas en douter, le premier ministre du Québec semble autant en mission que les chefs de partis fédéraux en vue du scrutin fédéral 2021.

Pourquoi?

Nombreux sont ceux et celles qui se sont remué les méninges en se questionnant sur ce qui pouvait bien faire courir monsieur Legault.

Dans les rangs caquistes, on vous répètera ad nauseam que le PM défend les intérêts du Québec comme il se doit de le faire. « L’autonomie du Québec est menacée », tonne un proche conseiller avec lequel j’ai eu l’occasion de discuter.

Soit.

Jacques Boissinot / La Presse canadienne


D’aucuns reconnaissent que les propositions libérales tendent à empiéter sur les compétences du Québec. Former des préposés aux bénéficiaires, des médecins, fixer les salaires… Clairement, ce sont là les responsabilités des provinces.

Mais peut-on réellement reprocher à un chef de gouvernement fédéral de vouloir éviter à tout prix un autre drame comme celui de nos CHSLD, transformés en morgues pendant la pandémie? Le Québec a beau bomber le torse, convenons que nous sommes mal placés pour dire que nous n’avons pas de leçons à recevoir de quiconque.

Cela m’amène à penser que François Legault aurait pu faire preuve de plus de fermeté d’une autre façon. Par exemple, il aurait pu rappeler qu’il négociera âprement avec le prochain premier ministre pour enregistrer des gains et faire respecter l’autonomie du Québec, sans pour autant mordre les mollets de son homologue fédéral.

Alors, pourquoi autant de vigueur? Pourquoi aller jusqu’à recommander de ne pas voter pour Justin Trudeau et suggérer l’élection des conservateurs?

Conflit de personnalités

Mon hypothèse est qu’au-delà de l’autonomie du Québec, M. Legault n’aime carrément pas Justin Trudeau. Sa face ne lui revient pas. Simple comme ça.

Et c’est là que le bât blesse.

Derrière les politiciens et politiciennes, il y a des humains. On ne peut pas empêcher un cœur d’aimer, tout comme un cerveau de détester. N’empêche que cela ne devrait pas motiver des prises de position de nature à tenter d’influencer le résultat d’une élection. 

Ce n’est pas la première fois que M. Legault varlope le premier ministre canadien. Il a souvent eu ce réflexe de personnaliser le débat. « Justin ne fait pas ci, Justin fait trop cela… ».

Personnellement, je n’apprécie guère ce François Legault. C’est la version plus partisane du chef caquiste, celle que les habitués de l’Assemblée nationale voient lorsque celui-ci répond à ses adversaires politiques.

Mais Justin Trudeau ne devrait pas être considéré de cette manière. D’autant plus que la stratégie pourrait se retourner contre le Québec.

Comme me le faisait remarquer un stratège du Parti libéral du Canada, à qui paiera le crime à la suite de l’appel de François Legault?

Supposons que davantage de votes soient accordés aux conservateurs… Ce ne sera certainement pas au détriment des libéraux. On peut aisément prévoir que c’est le Bloc qui en pâtira. Dans certains comtés où la lutte sera féroce, cela pourrait créer une voie de passage pour Justin Trudeau.

Belle façon de se tirer dans le pied.

Le bon Legault

Alors, s’il y a un « mauvais » Legault, à quoi ressemble le « bon »?

C’est le bon père de famille. Celui qui parle aux Québécois en temps de pandémie, par exemple. Celui qui incarne les valeurs de la majorité. Ou encore, celui qui défend le Québec dans la fédération lorsque nous sommes attaqués, comme ce fût le cas jeudi dernier lors du débat en anglais.

Là, le PM s’acquitte fort bien de sa tâche.

Paradoxalement, son intervention musclée à la défense du Québec aide possiblement le Bloc québécois : elle condamne le mépris canadien quant aux orientations québécoises en matière de laïcité et de langue.

Me suivez-vous?

C’est donc dire qu’en l’espace de 24 heures, François Legault a nui au Bloc, puis aidé le Bloc.

Alors, quand je vous dis qu’il a joué un rôle clé dans la campagne fédérale au Québec, en voici une démonstration plutôt éloquente.

Mais rien n’est joué, et bien malin qui pourrait deviner l’allure de l’échiquier politique au lendemain du 20 septembre 2021 : ni vous, ni moi… ou François Legault, ne lui en déplaise.

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