La défaite de la ministre des Pêches, un signal qu'Ottawa doit régler les conflits

HALIFAX — La défaite de la ministre des Pêches dans sa circonscription de la Nouvelle-Écosse lors de l'élection fédérale de lundi souligne la nécessité pour Ottawa de régler le conflit concernant les droits de pêche des Premières Nations dans la province, selon les deux parties impliquées.

Bernadette Jordan, qui était la seule représentante de la Nouvelle-Écosse au conseil des ministres, n'a pas réussi à conserver son siège dans South Shore-St. Margarets. C'est plutôt le conservateur Rick Perkins qui se rendra à la Chambre des communes après l'avoir emporté par quelque 2000 votes.

Mme Jordan était de plus en plus critiquée pour sa gestion des demandes des pêcheurs autochtones, qui réclament leur droit de pêcher même à l'extérieur des périodes autorisées par le gouvernement fédéral.

Le chef de la nation Sipekne'katik, Mike Sack, a affirmé mardi qu'il pense que la défaite de Mme Jordan est imputable en partie au fait qu'elle n'a pas su défendre adéquatement les droits de sa communauté. M. Sack soutient que sa nation a le droit de pêcher où et quand elle le souhaite.

«Elle a eu l'occasion de nous défendre, mais elle ne l'a pas fait, a-t-il déploré. Elle a été influencée par l'industrie commerciale.»

En prévision de la campagne électorale, M. Sack a publié un communiqué dans lequel il demandait à tous les ordres de gouvernement de reconnaître les droits de pêche ancestraux de sa nation.

À ce moment, le mois dernier, il soutenait que la pêche aux homards a permis à la communauté Mi'kmaq du centre de la Nouvelle-Écosse de se sortir de la pauvreté et que les pertes liées aux homards qui ne pourraient pas être revendus en raison des restrictions feraient perdurer «un cycle d'injustice».

M. Sack a plaidé que le gouvernement fédéral doit entendre les demandes des Premières Nations. «J'espère que le prochain cabinet aura un meilleur objectif, a-t-il mentionné. Un objectif qui ne gardera pas les Premières Nations sous le seuil de la pauvreté.»

Le président de la section locale 9 du Syndicat des pêcheurs des Maritimes, Lex Brukovskiy, a ajouté que les affrontements entre les pêcheurs autochtones et non autochtones dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse ont également nui à Mme Jordan dans sa tentative de réélection.

Joint alors qu'il se trouvait sur son bateau près de Sambro, en Nouvelle-Écosse, M. Brukovskiy a plaidé que le résultat de l'élection démontre que les pêcheurs commerciaux ont droit à leur place à la table des négociations.

«Le gouvernement veut définir notre avenir, chez nous, sans jamais nous demander notre avis, a-t-il dénoncé. Le résultat de l'élection réitère notre message initial: asseyons-nous autour de la table et discutons.»

Le professeur de science politique à l'Université du Cap-Breton, Tom Urbaniak, soutient que la ministre Jordan était «en danger» en raison de la question non résolue des droits de pêche des Autochtones.

Selon lui, même si l'on peut soutenir que Mme Jordan n'a pas été assez proactive dans son rôle de ministre, sa défaite est le signe que le gouvernement libéral minoritaire devra trouver une solution «juste et réfléchie» à ce conflit.

«L'approche a toujours été de repousser le problème ou de laisser aux fonctionnaires le soin de le résoudre d'une manière ou d'une autre», a-t-il expliqué.

Selon lui, plusieurs ministères devront s'impliquer afin d'en arriver à une entente.