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Jour 32: Pour ou contre le vote stratégique et changement de plan conservateur

Jour 32: Pour ou contre le vote stratégique et changement de plan conservateur

Crédit : Sean Kilpatrick / La Presse canadienne

Écrit par Lina Dib, La Presse canadienne

OTTAWA - À cinq jours du vote, mercredi, bloquistes et néo-démocrates se débattaient pour étouffer toute envie d'un vote stratégique qui servirait à bloquer l'élection d'un gouvernement conservateur.

«Voter stratégique est une drôle de patente qui sert, en général, les partis qui le suggèrent», a fait remarquer le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, à Longueuil, en notant qu'il y voit un indice «d'une inquiétude» chez les libéraux, et en conseillant plutôt aux électeurs de voter «avec leur coeur».


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par Émilie Clavel


«Je sais que c'est un argument que les libéraux ont utilisé à plusieurs reprises, mais je veux parler directement aux progressistes», a dit Jagmeet Singh, à Toronto, avant de se lancer dans une énumération de décisions non progressistes, selon lui, prises par Justin Trudeau.

«À chaque fois, on peut montrer comment M. Trudeau défend les intérêts (...) des ultra-riches (...)», a conclu le leader du Nouveau Parti démocratique (NPD), en invitant les électeurs à «oser» voter pour le NPD, reprenant ainsi son slogan.

À Halifax, le chef libéral a répliqué en lançant une des plus virulentes attaques de la campagne consacrées à son adversaire néo-démocrate.

«C'est du cynisme profond de la part de M. Singh de prétendre qu'il n'y a aucune différence entre un gouvernement libéral et un gouvernement conservateur», a lancé Justin Trudeau.

«On sait que pour sa part, il dit qu'il pourrait très bien travailler avec un gouvernement conservateur élu. Mais pas moi», a-t-il tranché.

Il a ensuite cité la nécessité de lutter contre les changements climatiques, parlé du «recul» que les conservateurs préparent dans cette lutte, avant de dénigrer les promesses néo-démocrates sur cet enjeu.

«Peut-être qu'avec son piètre plan sur les changements climatiques, il trouverait qu'il pourrait très bien travailler pour lutter contre les changements climatiques avec M. O'Toole», a-t-il laissé tomber.

Changement de plan?

Erin O'Toole était en campagne au Saguenay, mercredi. Il testait un nouveau slogan, présentant sa formation comme différente du Parti conservateur «que vos pères ont connu».

Mais c'est dans un journal de Toronto qu'on apprenait qu'après avoir démonisé la «taxe libérale sur le carbone» et proposé son propre plan qui met un prix plus bas sur ce carbone, le chef conservateur est prêt à laisser les provinces continuer à se soumettre au système libéral.

En entrevue au Toronto Star, M. O'Toole a ainsi dit que son plan n'est qu'une «alternative», que les provinces décideront si elles passent à son système ou pas.

Le plan conservateur prévoit un système de points à accumuler lorsqu'un citoyen dépense sur les énergies fossiles dont le prix serait fixé par le gouvernement fédéral. Les points se transformeraient en argent dans des comptes bancaires personnels à utiliser pour faire des achats «verts».

Interrogé en point de presse sur ce qui semble un changement majeur à sa plateforme, M. O'Toole a préféré esquiver la question.

En soirée, le chef conservateur a reçu l'appui de l'ancien premier ministre Brian Mulroney, qui estime que M. O'Toole a «la vision et le courage» pour faire face aux défis du Canada.

Lors d'un rassemblement de partisans à Orford, en Estrie, l'ex-premier ministre progressiste-conservateur âgé de 82 ans a affirmé que le leadership du chef conservateur est fort, constant et visionnaire.

La sortie de M. Mulroney survenait au lendemain de celle de Jean Chrétien, âgé de 87 ans, qui a affiché son soutien pour M. Trudeau lors d'un rassemblement en Ontario.

Excuses demandées

Tout comme l'Assemblée nationale, le chef libéral et le chef conservateur ont demandé des excuses aux réseaux de télévision qui ont organisé le débat anglais de la semaine dernière.

La question à M. Blanchet qui a évoqué racisme au Québec et lois discriminatoires est en cause.

«Je trouve que la prémisse de la question était inacceptable et je pense que ce serait important que le consortium s'explique et s'excuse», a dit, sans hésitation, M. Trudeau lorsqu'interrogé à ce sujet par un journaliste.

«Je suis tanné du Québec bashing et le consortium doit s'excuser. (...) La question était injuste», a répondu, à son tour, M. O'Toole.

Des excuses ne suffiraient probablement pas à celui qui a été le premier à les réclamer ce jeudi soir-là et qui, depuis, profite de la controverse.

«Ce n'est pas un cadeau, c'est une révélation. C'est une porte qui s'ouvre sur la réalité de comment le Canada perçoit le Québec», a déclaré le chef bloquiste.

Toutefois, M. Blanchet espère déjà que le ton se calme après le 20 septembre.

«Je pense qu'une première chose qu'une députation du Bloc québécois (...) ferait serait de solliciter une rencontre avec les autres chefs de partis (...) pour être capable de commencer une législature sur des bases fraîches, sereines, parce qu'on aura des responsabilités», a-t-il fait savoir.

La verte persiste

Mardi, l'aile québécoise du Parti vert a publié une plateforme qui diverge du programme national sur certains points. Cette aile reconnaît au Québec le droit de dire que le français est sa seule langue officielle.

«Je ne suis pas d'accord avec l'aile québécoise sur ce point. Ils savent très bien que j'ai une différence d'opinion sur ce point», a réagi la cheffe du parti Annamie Paul, lors d'un point de presse à Kitchener, mercredi.

Deux démissions au NPD

Jagmeet Singh a eu à commenter la démission de deux de ses candidats, mercredi.

Une candidate dans une circonscription de Toronto, Sidney Coles, avait déjà présenté des excuses pour avoir faussement publié sur Twitter, en janvier dernier, qu'Israël était responsable de la disparition d'un certain nombre de vaccins contre la COVID-19, aux États-Unis. L'autre candidat, aussi un Ontarien, se présentait dans le comté de Cumberland-Colchester. Dan Osborne, qui a eu 18 ans juste à temps pour se présenter candidat aux élections fédérales, avait écrit en 2019 sur Twitter: «Est-ce que Auschwitz était une vraie place?»

«Ces deux candidats ont démissionné et mis fin à leur campagne. Ils ont accepté de s'informer davantage sur l'antisémitisme», a fait savoir un porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD).

Jagmeet Singh, en campagne à Essex, en Ontario, a repris cette déclaration. Puis, il a noté que la vérification des candidats présente des «défis».

«Les gens ont différentes plateformes maintenant. Et parfois, ces plateformes remontent à plusieurs années. Alors, c'est de plus en plus un défi de vérifier le passé des candidats», a-t-il fait remarquer.

 

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