SAINT-JÉRÔME, QC - Si les libéraux ont ressorti leur ancien premier ministre Jean Chrétien et les conservateurs ont fait de même avec Brian Mulroney, le Bloc québécois n'a pas l'intention pour sa part de faire appel à son fondateur, Lucien Bouchard.
En conférence de presse jeudi après-midi a Saint-Jérôme, le chef bloquiste Yves-François Blanchet a commenté l'appel de Brian Mulroney à voter conservateur au scrutin de lundi prochain.
«Je n'ai pas l'intention, ni sollicité, ni même appelé (Lucien Bouchard)», a dit M. Blanchet.
Quant à un autre chef bloquiste qui a été en poste longtemps, Gilles Duceppe, il a déjà une tribune dans les médias. Le parti ne lui demandera donc pas de participer à des activités partisanes.
M. Blanchet voit dans le recours par ses adversaires à ces anciens chefs de gouvernement «qui méritent notre respect» le signe d'une «incertitude, une insécurité» quant aux pronostics du scrutin de lundi.
«La dernière minute, ça fait un peu bizarre», a-t-il commenté. Il s'est même moqué de Justin Trudeau et Erin O'Toole.
«Les deux anciens chefs (Jean Chrétien et Brian Mulroney) sont plus intéressants que les nouveaux», a-t-il ironisé.
M. Blanchet a rappelé que sous Brian Mulroney, le parti s'appelait «progressiste-conservateur».
Selon lui, les «conservateurs progressistes» de M. Mulroney étaient «profondément différents» des «pas progressistes très conservateurs» d'Erin O'Toole. Le parti a éclaté après le départ de Mulroney et s'est reconstitué sans les progressistes, estime le chef bloquiste.
Rappelons que Lucien Bouchard est issu de la même génération de chefs politiques que MM. Chrétien et Mulroney. Ami personnel de M. Mulroney, il claque la porte du conseil des ministres après l'échec de l'Accord du lac Meech, en juin 1990, puis fonde le Bloc québécois.
Il sera la figure charismatique du référendum de 1995 sur la souveraineté qui mènera presque le camp du Oui à la victoire.
Buy American Act
Par ailleurs, le Bloc québécois demande au prochain gouvernement fédéral de négocier avec Washington des exemptions au Buy American Act pour favoriser des produits québécois qui facilitent la transition écologique.
L'usine Lion de Saint-Jérôme pourrait ainsi prendre part aux appels d'offres aux États-Unis pour vendre les autobus scolaires électriques qu'elle assemble.
Yves-François Blanchet a tenu une conférence de presse sur les lieux jeudi après-midi pour présenter sa proposition.
Rappelons que le Buy American Act est une loi qui instaure des exigences de contenu local américain dans les politiques d'approvisionnement public.
Des experts estiment qu'il serait possible d'obtenir des exemptions ponctuelles dans certains secteurs particuliers, selon ce qu'a dit M. Blanchet.
«Le Bloc pense qu'il serait possible de négocier une exemption spécifique pour ce qui est lié au transport électrique, dans le contexte de la transition écologique à laquelle le président Biden semble beaucoup tenir», a plaidé M. Blanchet.
Sinon des entreprises québécoises pourraient être tentées de déménager leurs installations aux États-Unis pour avoir accès à ce marché, craint-il.