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Justin Trudeau annonce la libération de Michael Kovrig et Michael Spavor, citoyens détenus en Chine depuis des années

Écrit par Noovo Info, La Presse canadienne

Pour la première fois depuis sa réélection prochaine à la tête d’un gouvernement libéral minoritaire, le premier ministre Justin Trudeau a pris la parole, vendredi soir; pas pour revenir sur sa victoire au terme du scrutin fédéral 2021, mais bien pour annoncer que la Chine avait libéré les détenus canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor.

«Ils reviennent à la maison», a déclaré M. Trudeau en commençant son point de presse, pour lequel les représentants des médias n'ont été convoqués que dans l'heure la précédant. 

«Ces deux hommes ont vécu, pendant plus de 1000 jours, une épreuve épouvantable», a souligné le chef du Parti libéral du Canada, en remerciant leurs familles au passage. «Ils ont fait preuve de détermination, de grâce, de résilience à chaque étape et ils sont une inspiration pour nous tous.»

Dans la vidéo ci-haut: «C’est un aveu presque spectaculaire que la Chine a pratiqué une diplomatie des otages», affirme Henri-Paul Normandin, ancien ambassadeur canadien qui a déjà travaillé avec M. Kovrig

ÉLECTIONS 2021

Quelques heures auparavant, on a su que Meng Wanzhou, la directrice financière de la société chinoise Huawei détenue au Canada depuis décembre 2018, ne serait pas extradée aux États-Unis. Elle a conclu un accord qui lui permettra de retourner en Chine, et qui pourrait s'être avéré l'étape ultime vers la libération des deux Canadiens emprisonnés en Chine.

Ces détentions ont été largement considérées comme des représailles à l'arrestation de Mme Meng par le Canada à la suite d'une demande d'extradition américaine.

Mme Meng, fille du fondateur de l'entreprise, avait été assignée à résidence à Vancouver dans l'attente d'une éventuelle extradition vers les États-Unis.

Alors que la Chine a publiquement soutenu qu'il n'y avait aucun lien entre l'affaire Meng et l'emprisonnement de MM. Kovrig et Spavor, elle avait laissé entendre que si elle était autorisée à être libérée, cela pourrait être favorable aux deux hommes canadiens.

M. Kovrig est un ex-diplomate canadien auprès de l'International Crisis Group, une organisation non gouvernementale de consolidation de la paix. M. Spavor est un entrepreneur qui a essayé de forger des liens humains et commerciaux avec la Corée du Nord. Ils ont été arrêtés le 10 décembre 2018, à la suite de l'arrestation de Mme Meng par la GRC neuf jours plus tôt, à la demande des États-Unis, alors qu'elle transitait par l'aéroport de Vancouver.

Plus tôt cette année, MM. Kovrig et Spavor ont tous deux été reconnus coupables d'espionnage devant des tribunaux chinois à huis clos - un processus qui, selon le Canada et des dizaines d'alliés, équivaut à une détention arbitraire pour de fausses accusations dans un système judiciaire fermé sans imputabilité.

La Chine conteste les critiques, accuse le Canada d'être un chien de poche des États-Unis et a demandé à plusieurs reprises la libération immédiate de Mme Meng. La Chine affirme que les États-Unis essaient simplement d'empêcher Huawei d'affirmer sa domination sur le marché international des télécommunications.

M. Spavor a été condamné à 11 ans de prison, ce qui avait alimenté les spéculations selon lesquelles il pourrait être simplement expulsé par la Chine. M. Kovrig n'avait pas encore été condamné.

Meng Wanzhou repart en Chine

Le ministère canadien de la Justice a indiqué à la Cour que rien ne justifiait la poursuite de l'instance d'extradition à la suite du retrait de la demande des États-Unis.

«Le juge a libéré Meng Wanzhou de toutes les conditions de sa mise en liberté sous caution. Meng Wanzhou est libre de quitter le Canada», écrit le ministère dans un communiqué.

Mme Meng a plaidé non coupable des accusations de fraude aux États-Unis lors d'une procédure judiciaire à New York, vendredi. Les procureurs américains ont déclaré que le plaidoyer fait partie d'un accord de poursuite différée conclu avec le ministère américain de la Justice.

Une comparution connexe s'est déroulée plus tard vendredi, après l'audience de New York. Une juge de la Cour suprême de la Colombie-Britannique a approuvé une ordonnance de libération de la dirigeante de Huawei. La juge en chef adjointe Heather Holmes a remercié Mme Meng pour son comportement lors des audiences et l'a libérée des conditions de mise en liberté sous caution.

Le département américain de la Justice avait demandé l'extradition de Mme Meng pour des accusations de fraude dans le cadre d'allégations selon lesquelles la société technologique chinoise aurait comploté pour éviter les sanctions américaines contre l'Iran.

Le procureur adjoint des États-Unis David Kessler a déclaré au tribunal que l'accord permettrait de rejeter les accusations contre Mme Meng après le 1er décembre 2022 _ quatre ans après la date de son arrestation _ pourvu qu'elle «respecte toutes ses obligations» aux termes de l'accord.

En prison depuis des années

Plus tôt ce mois-ci, alors que MM. Kovrig et Spavor marquaient leur 1000e jour dans les prisons chinoises, des marches d'appui ont été organisées à Ottawa, New York, Washington, Bruxelles, Singapour et à travers l'Asie, l'Afrique et l'Amérique latine.

Les marches étaient destinées à reproduire les 7000 pas que M. Kovrig tentait de marcher chaque jour dans sa cellule de prison exiguë, un rituel visant à maintenir son bien-être physique et mental.

MM. Spavor et Kovrig n'étaient pas autorisés à voir leur famille ou leurs avocats (sauf dans le cas de leurs procès séparés plus tôt cet été) et ont été limités aux visites de diplomates canadiens environ une fois par mois.

Mme Meng avait été libérée sous caution, portait un bracelet à la cheville et vivait dans des conditions ordonnées par le tribunal dans sa maison fermée, dans un quartier luxueux de Vancouver.

La juge en chef adjointe Heather Holmes avait réservé sa décision sur l'extradition de Mme Meng en août, affirmant seulement qu'elle fixerait bientôt une date.

C'était l'aboutissement d'une bataille juridique de près de trois ans menée par les avocats de Mme Meng pour l'empêcher d'être extradée vers les États-Unis pour faire face aux accusations.


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