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Débat des chefs en anglais: des flammèches entre les chefs... et la modératrice

Débat des chefs en anglais: des flammèches entre les chefs... et la modératrice

Crédit : Adrian Wyld / La Presse canadienne

Écrit par Catherine Lévesque et Patrice Bergeron, La Presse canadienne

GATINEAU, Qc — Lors du seul débat en anglais de la campagne électorale, jeudi soir, Justin Trudeau a été attaqué de toutes parts, Yves-François Blanchet a démontré son caractère bouillant et Annamie Paul s'est montrée combative. Erin O'Toole a joué la carte de l'économie, alors que Jagmeet Singh est resté dans les mêmes lignes d'attaque.

Les flammèches ont volé au Musée canadien de l'histoire, à Gatineau, dès les premières minutes de la joute oratoire.

La première section du débat en anglais portait sur le leadership. L'animatrice Shachi Kurl, présidente de l'Institut Angus Reid, a tenté de placer les cinq chefs sur la sellette avec des enjeux propres à chacun: la plateforme du NPD pour Jagmeet Singh, la tenue d'élections pour M. Trudeau, les problèmes au sein du caucus de Mme Paul et la vaccination des candidats d'Erin O'Toole.

Le chef du Bloc québécois a été rapidement mis sur la défensive avec des questions sur la langue et l'identité.

« Vous niez que le Québec a des problèmes de racisme. Or, vous défendez des législations comme (le projet de loi) 96 et (la loi) 21 qui marginalisent les minorités religieuses, les anglophones et les allophones. Le Québec est reconnu comme une société distincte, mais pour les gens à l'extérieur du Québec, aidez-les à comprendre pourquoi votre parti soutient ces lois discriminatoires », a déclaré Mme Kurl.

« Québec n'est pas reconnu comme une société distincte, mais comme une nation (...) par le Parlement', a corrigé M. Blanchet. `Vous pouvez répéter autant que fois que vous le voulez qu'elles sont discriminatoires, nous disons que ce sont des lois légitimes qui s'appliquent sur le territoire québécois », a-t-il ajouté plus tard.

Un peu plus tard, Mme Paul accusait M. Trudeau d'avoir mis de côté des `femmes fortes' de son caucus lors de son premier mandat. `Je ne crois pas que M. Trudeau soit un vrai féministe', a lancé la cheffe du Parti vert du Canada. « Je ne prendrai pas des leçons en matière de gestion de mon caucus de votre part », a rétorqué M. Trudeau, visiblement piqué.

Environnement

Si M. Trudeau a été la cible de tous ses adversaires sur l'enjeu des changements climatiques, M. O'Toole a toutefois reconnu que sur cet enjeu, les conservateurs doivent regagner la confiance des Canadiens.

« M. O'Toole n'arrive pas à convaincre son parti que les changements climatiques sont réels », a renchéri M. Trudeau qui s'est fait répondre par son rival conservateur: « Vous n'avez jamais atteint une seule des cibles de réduction de gaz à effet de serre (GES). »

« On vient de voir deux leaders qui s'obstinent pour savoir qui est le pire » en environnement, a ironisé leur rival néo-démocrate Jagmeet Singh. Il a affirmé que le Canada avait le pire bilan du G7 en matière de réduction des GES.

Le chef libéral a défendu son bilan en rappelant qu'il avait mis sur pied la tarification du carbone et il a assuré que la cible de réduction des GES pour 2030 sera atteinte.

Réconciliation

Le thème de la réconciliation avec les peuples autochtones a été l'occasion pour tous les chefs de mettre de côté la partisannerie, pour quelques minutes, le temps de réaffirmer leurs engagements en ce sens. Mais la trêve aura été de courte durée.

Mme Paul en a profité pour piquer M. Blanchet, en disant qu'elle serait heureuse de l'`éduquer' au sujet du racisme systémique. « C'est un beau moment pour insulter les gens », a maugréé le chef bloquiste qui s'est vu refuser un droit de réplique.

Justin Tang/La Presse canadienne

M. Trudeau en a profité, dans ce segment, pour dire à quel point son gouvernement avait dépensé des centaines de millions de dollars pour les peuples autochtones. « Nous ne nous questionnons pas sur les fonds investis, nous nous questionnons sur les résultats », a répliqué la journaliste Melissa Ridgen, d'APTN News, qui posait les questions durant ce segment.

M. O'Toole s'est défendu de ne pas avoir appuyé la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones dans le dernier mandat, soutenant qu'il y a un flou autour du consentement libre et éclairé des autochtones.

Coût de la vie

En cette sortie de crise, les questions de l'inflation à son plus haut en 10 ans et de l'accès au logement et de la propriété ont aussi retenu l'attention.

Le chef néo-démocrate a joué ses cartes en déplorant que les ménages dépensent plus de la moitié de leur revenu pour se loger. M. Trudeau a rappelé qu'il avait promis d'être là pour aider les gens, notamment avec des allocations et un programme national de garderies.

M. O'Toole lui a d'ailleurs reproché par la bande la poussée inflationniste actuelle. « Contrairement à Justin Trudeau, moi je vais me soucier des politiques monétaires. Il emprunte presque un demi-milliard de dollars par jour », a-t-il dit.

Pour sa part, le chef bloquiste a rappelé que le gouvernement Trudeau avait choisi de verser un montant forfaitaire spécial aux personnes de 75 ans et plus, mais en le refusant aux personnes de 65 à 75.

« Ce premier ministre est supposé être le champion qui lutte contre toutes les formes de discrimination et il a créé deux classes d'aînés », a déploré M. Blanchet.

Reprise post-COVID

Le visage du chef conservateur s'est illuminé lorsqu'il a eu à parler de son plan pour la reprise économique post-COVID et en a profité pour rappeler que tous les Canadiens, peu importe leur couleur, leur religion ou leur orientation sexuelle, étaient appelés à y participer.

Mme Paul en a profité pour réitérer l'importance de changer la culture politique trop partisane à Ottawa, selon elle, pour miser sur la collaboration. M.  Singh en a profité pour parler d'assurance-médicaments et de soins dentaires, tout en faisant payer les plus riches pour ces promesses.

« Nous devons nous sortir de cette pandémie en premier lieu. (...) Nous ne pouvons pas rebâtir l'économie jusqu'à ce que nous sortions de cette pandémie », a plaidé Justin Trudeau, tout en attaquant son adversaire conservateur sur la vaccination de ses candidats.

La réplique d'Erin O'Toole est venue un peu plus tard: « Pourquoi n'avez-vous pas eu cette approche par rapport à l'élection, M. Trudeau? »

Au moment de quitter le plateau, M. Blanchet a glissé au chef conservateur: « Ça te prend un chien de garde. Et le chien de garde c'est le Bloc ». Questionné à ce sujet lors de son point de presse, le chef du Bloc s'est montré étonné que ses propos aient été entendus.

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