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Le Bloc québécois n'a pas atteint son objectif de 40 sièges

Écrit par Patrice Bergeron, La Presse canadienne

Le rêve du Bloc de remporter 40 des 78 sièges du Québec, par rapport aux 32 qu'il avait aux Communes, s'est dissipé lundi soir.

Des circonscriptions adverses ciblées par le parti lui ont échappé. L'affront de la question biaisée posée au chef Yves-François Blanchet au débat en anglais n'a pas donné l'effet espéré dans les urnes.

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Il n'avait toujours pas de gain à annoncer vers 1 h 00, même qu'il reculait sur certains territoires. Il avait 32 élus en avance, le même nombre d'élus qu'au scrutin de 2019. Le Bloc a recueilli environ 33 pour cent des voix, comparativement à 32,5 pour cent en 2019.

Or le chef avait évoqué le «rêve» de remporter 40 sièges.

«Nous avons encore, avec une approche positive, de confiance, le devoir de faire plus, de faire mieux», a affirmé M. Blanchet dans son discours électoral.

«Le résultat est difficile à commenter: le pourcentage est à peu près le même, le nombre de sièges est à peu près le même.»

Il faudra attendre mardi ou mercredi pour pouvoir obtenir les résultats définitifs, selon lui.

Mais déjà, sur certains de ses territoires, le Bloc était en difficulté.

Dans Longueuil-Saint-Hubert, le député bloquiste Denis Trudel était en difficulté: il avait 400 voix de retard sur son adversaire libérale Florence Gagnon. Sa voisine Nathalie Boisclair dans Longueuil-Charles-Lemoyne n'a pas réussi non plus à battre la libérale Sherry Romanado.

Le député bloquiste Yves Perron a repris l'avance sur la néo-démocrate Ruth Ellen Brosseau, dans Berthier-Maskinongé, après avoir tiré de l'arrière.

Dans Trois-Rivières, où le Bloc avait choisi l'éthicien René Villemure pour garder le siège laissé libre par le départ d'une de ses députées, le conservateur Yves Lévesque avait une légère avance.

Le Bloc avait ciblé une dizaine de circonscriptions adverses. Une seule se dessinait comme un gain: le bloquiste Patrick O'Hara était en avance de 1000 voix dans Châteauguay-Lacolle sur la libérale sortante Brenda Shanahan.

Une autre pouvait potentiellement être gagnée: Brome-Missisquoi, où Marie-Lou Alarie a repris le devant sur la libérale Pascale St-Onge, après avoir tiré de l'arrière.

Le chef bloquiste Yves-François Blanchet espérait notamment enlever Gaspésie-Les-les-de-la-Madeleine et Saint-Maurice-Champlain, pour déloger ainsi deux ministres, respectivement Diane LeBouthillier et François-Philippe Champagne.

Finalement ils sont tous deux réélus.

En outre, le Bloc espérait remporter Sherbrooke, avec Ensaf Haider, mais la libérale Élisabeth Brière a été réélue; et de même la ministre Marie-Claude Bibeau a pu se maintenir dans Compton-Stanstead, alors que le Bloc souhaitait y faire un gain.

Québec, le Bloc voulait dégommer le ministre Jean-Yves Duclos, mais il a été réélu contre le bloquiste Louis Sansfaçon.

Autre circonscription convoitée: Chicoutimi-Le Fjord. Mais le conservateur Richard Martel a été réélu contre la bloquiste Julie Bouchard.

Les bloquistes reluquaient également vers Argenteuil La Petite Nation, où M. Blanchet a fait campagne pour son candidat Yves Destroismaisons, mais le libéral Stéphane Lauzon a été réélu.

Montréal, les bloquistes espéraient en outre chasser les libéraux de Hochelaga, mais le candidat Simon Marchand a été vaincu par la libérale sortante Soraya Martinez Ferrada.

Le Bloc voulait aussi menacer un bastion conservateur, Richmond-Arthabaska et son député Alain Rayes, mais son candidat Diego Scalzo n'a pas réussi à le supplanter.

Consolation pour le chef Yves-François Blanchet: il a facilement remporté sa circonscription de Beloeil-Chambly.

Dans son discours, il a lancé un appel à la collaboration au prochain Parlement en raison de la pandémie persistante.

Il a aussi rappelé les batailles qu'il entendait mener, pour augmenter le revenu des aînés et pour la hausse substantielle des transferts fédéraux en santé.

Il a aussi évoqué son credo souverainiste: «Le Québec est fort. Qui sait ce qu'un jour le Québec fort va décider.»

Au rassemblement électoral du Bloc à Montréal lundi soir, l'atmosphère était assez calme en raison du nombre peu élevé de militants réunis au Centre Pierre-Péladeau, avec les restrictions sanitaires.

La campagne en bref

En début de campagne, M. Blanchet avait évoqué qu'il rêvait d'avoir une quarantaine de sièges, soit donc la majorité des 78 circonscriptions du Québec aux Communes.

Il avait même ciblé et énuméré la région de Québec, une région conservatrice, Châteauguay-Lacolle (Parti libéral), Hochelaga (Parti libéral), Chicoutimi-Le Fjord (Parti conservateur), Sherbrooke (Parti libéral), Argenteuil-La Petite Nation (Parti libéral), Longueuil-Charles-Lemoyne (Parti libéral), et Gaspésie-Les-les (Parti libéral). Il a en effet investi des efforts et des visites dans ces circonscriptions.

Cependant il craignait un désintérêt des électeurs et un taux de participation trop bas en raison des craintes des électeurs à se présenter dans des bureaux de scrutin en période de pandémie.

Après un début de campagne plutôt sans vagues et sans histoire, le marathon électoral de M. Blanchet a été plombé un certain temps après qu'il a dit qu'il aimait le projet de tunnel Québec-Lévis du gouvernement Legault et lui trouvait un potentiel écologique.

Le débat en anglais

Puis sa campagne a connu un nouvel élan à la suite du débat télévisé en anglais du 9 septembre, juste avant le début du vote anticipé, et depuis l'engouement ne s'était pas démenti sur le terrain.

Rappelons que la modératrice du débat avait alors demandé à M. Blanchet pourquoi son parti appuie des lois discriminatoires du Québec sur la langue et la laïcité, qui marginalisent et discriminent des minorités. M. Blanchet est sorti scandalisé et y a vu une «chaudière d'insultes», visant les Québécois.

Il a ensuite reçu de nombreux témoignages de sympathie et d'indignation des Québécois spontanément dans la rue.

Même le chef est devenu plus détendu, plus souriant et moins tendu par la suite. La cadence s'est accélérée dans cette deuxième moitié de campagne et encore plus au cours des derniers jours avant le vote. Il était particulièrement de bonne humeur, fouetté par des sondages plus favorables.

La question de l'urne

Le chef a défini ce qu'allait être la «question de l'urne» pour lui, c'est-à-dire l'enjeu en fonction duquel les électeurs allaient choisir leur parti au scrutin de lundi: «le droit d'être Québécois», parce que le Canada ne laisse pas le Québec faire ses choix.

La caravane bloquiste n'a alors visité pratiquement que des circonscriptions adverses, surtout libérales, pour faire des gains, remporter les batailles électorales qui avaient été parfois serrées en au scrutin de 2019 et qui pouvaient cette fois pencher en faveur de la bannière du Bloc.

En 2019, le Bloc, avec pour la première fois M. Blanchet à sa tête, était passé de 10 à 32 sièges en recueillant 32 % des voix au Québec.

Auparavant, il avait été décimé par deux dures raclées électorales, en 2011 et 2015, et était été déchiré par des luttes intestines.

Aujourd'hui, il semble incarner en partie le renouveau du mouvement souverainiste et est en meilleure posture que son parti frère, le Parti québécois, relégué au statut de tiers parti à l'Assemblée nationale avec sept élus.

Yves-François Blanchet a 56 ans et quatre enfants, tous d'âge adulte. Sa conjointe, Nancy Déziel, est conseillère municipale à Shawinigan.

 


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